Les filles et le sexe ; je t’aime. Moi non plus. Encore un peu. Mais pas trop. Je crois que j’ai plus envie. Etc.
Anyway, c’est foutrement compliqué.
A l’heure où l’émancipation sexuelle féminine est indéniablement en marche – évolution tout particulièrement flagrante sur les internets, où les appels bravaches à la bite (et aux followers aussi un peu, ne sois donc pas naïf) sont devenus monnaie courante – tirer un simple coup n’en demeure pas moins une affaire des plus complexes et délicates.
C’est que les humeurs femelles sont versatiles, indécises et oscillent perpétuellement entre envies moites, pudeurs froides et les qu’en-dira-t-on. Dieu traîne encore un peu dans les parages, les filles de petite vertu se meurent de la syphilis et brûlent en enfer, y aura t-il assez de soupe pour nourrir tous ces mioches ? On n’efface pas si facilement des siècles et des siècles de bourrage de crâne et de plombage de culotte, vois-tu.
A l’heure où le sexe s’affiche partout, se vend, se télécharge, se décomplexe, se JacquieMichelise, se braille et se beugle sur tous les murs du ouèb, le désir féminin n’en reste pas moins une géante contradiction, un suant paradoxe, qui va, qui vient, s’abandonne ou pirouette à la dernière seconde. Sans raison concrète. Même moi je me fatigue parfois tu sais, même moi je m’épuise face à tant d’inconstance.
Alors qu’est-ce qui fait qu’une fille finit par foutre ses viscères à l’horizontal et ses jambes à ton cou ? Qu’est-ce qui transforme la louve farouche en chatte câline ?
A l’heure où les magazines-crétins tentent désespérément de disséquer les rouages de cette science humide, la réponse est somme toute d’une déroutante simplicité : une personne, un instant ou un état d’esprit. Voilà ce qui fait se cambrer et ronronner la tigresse sauvage. Saisis-ça au vol et aime-la vite et bien avant que les vents ne tournent.
– La meuf pompette …
Ou la baiseuse la plus banalement répandue.
Note bien, j’ai dit « pompette » pas « ivre morte » , ne versons pas dans le sordide je te prie.
On la trouve généralement sur le dancefloor, un verre à la main, tentant un p’tit twerk qui ressemble salement à un jerk foireux. Elle est drôle, elle est fun et follement détendue de la vulve. L’alcool reste le meilleur pote de la désinhibition, je ne t’apprends rien, pas vrai ? Elle te suivra en gloussant, le chignon en vrac et l’haleine vodka-pomme, ratera sans doute la marche pour accéder chez toi ou chez elle, éparpillera ses vêtements dans toutes les pièces (elle a chaud bon sang, ELLE A CHAUD !) avant de s’écrouler sur le lit/canapé/paillasson. Bon ou mauvais coup ? La meuf pompette demeure une roulette russe, pour la simple et bonne raison qu’elle peut être n’importe qui ; ta boss, la caissière de ton Shopi-market, Beyoncé ou moi. L’ivresse bon seigneur, ne discrimine personne. Vos petites affaires conclues, elle peut décider de se lancer dans la confection de crêpes (elle a faim bon sang, ELLE A FAIM !) s’endormir en ronflant bruyamment ou reprendre soudainement conscience qu’elle a un mec qui l’attend à la maison et que même, ils se marient la semaine prochaine. Rhalala, ces petits « égarements » fâcheux du quotidien.
– L’amoureuse …
Ou le jackpot si si.
Aujourd’hui, c’est la grande mode de jouer la désinvolture, « faire l’amour » est devenu ringard et il est limite honteux d’avouer ses sentiments profonds pour quelqu’un mais j’ai pas peur de l’affirmer haut et fort, baiser avec amour reste le plus puissant des aphrodisiaques, signe les copulations les plus électriques.
Je ne dis pas que tu t’apprêtes à troncher la future mère de tes enfants et qu’elle t’aimera toute la vie hein juste qu’elle t’aimera d’un amour pur et sincère au moins le temps d’un coït, qu’elle mettra ce que jamais Sasha Grey ou Katsuni ne feront, du cœur à l’ouvrage. Et juste ça, c’est magnifique.
Avant que tu ne tombes le calbute, elle aura pris le temps d’aimer tes mains et tes poignets, ces mots qui s’enrouent dans ta gorge et tes dents bien rangées. Ou ces petits détails qui font si délicieusement languir le putch qui palpite entre vos cuisses. Elle fera bander ton cœur et ton slip, branlera avec doigté ton ego pour mieux faire cracher ta frétille, te léchera avec gourmandise, te mangera avec voracité, t’avalera avec enthousiasme sans épargner un centimètre carré de ta peau jusqu’au Game Ovaires.
– Celle qui suce pour qu’on l’aime.
Ou le syndrome de Tennessee : le cœur en fièvre et le string démoli.
C’est une histoire un peu triste, celle d’une fille qui cherche frénétiquement un peu de tendresse, qui a faim d’amour et d’attention surtout et qui n’a rien trouvé de mieux pour ce faire que de brader sa chatte. Elle écume tous les sites de rencontres, les bars et les night-clubs de la ville, les supermarchés ou les jardins publics, l’âme amoché et le cœur aux abois. Elle n’a pas froid aux yeux, n’a peur de rien. Que d’elle-même. Et pour ne pas s’endormir toute seule, elle offrira son cul au premier venu, se fera sauter vite fait mal fait, sans grande conviction, engloutira sans se faire prier la bite de Pierre-Paul-Jacques dans les chiottes glauques d’un PMU, auto-convaincue que tout ça n’est que de l’amour en jus. Enrobée de désespérance et d’attentes virulentes, elle en effraiera plus d’un qui, les couilles une fois vidées, s’empresseront de fuir, de l’oublier ou, pour les plus goujats d’entre eux, de refiler son 06 au pote en galère de baise. Conquête un peu trop facile pour être franchement glorieuse, elle se pose malgré elle, en proie des demi-molles, en trophée des queues tièdes et reste une offense cinglante au féminisme, à la dignité, au respect de soi. Comment considérer, estimer, une fille qui s’aime si mal ?
C’est une histoire triste, je te l’avais dit.
– La jouisseuse …
Ou « Tape dans l’fond, j’suis pas ta mère ! ».
Elle va les chakras béants, les conventions, la bienséance, elles s’en est tricotées une grande écharpe qui traîne nonchalamment par terre. Elle rigole fort, fume des joints et bien qu’elle soit fille de profs boit des binouzes Lidl sans s’en formaliser. Elle traîne dans les vernissages underground ou les concerts de rock alternatif et baise la société toute entière avec exaltation. Toi aussi elle te baisera avec effusion, à grand renfort de grognements et de râles gutturaux, t’indiquera sans chichi ce qu’elle veut, ce qu’elle attend de ta queue, de tes doigts ou ta langue. Elle assume totalement ses pets de fouf’ et son non-rendez-vous chez l’esthéticienne, le conformisme, elle s’assoit dessus en Andromaque. Bien dans son corps, bien dans sa tête, elle orgasme sa vie par tous les bouts sans se laisser parasiter par la peur ou les doutes. Cette meuf n’est rien d’autre en somme qu’un gigantesque point G sur pattes.
– Celle qui nique par vengeance …
Ou ces vagins qui en appellent à la vendetta.
Fraîchement larguée ou récemment cocue, elle a la revanche qui hurle en elle : ce fils de catin va payer. ET CHER. T’as bien compris, c’est la fureur qui lui échauffe l’entrejambe. Elle a revêtu sa jupe la plus mini et son haut le plus affriolant pour ne pas te rater, toi, la bite qui lui servira d’exutoire. Tu ne poireauteras pas bien longtemps avec elle, le feu de la colère la propulse tête baissée au fond de ton plumard. Elle niquera avec rage bien plus que tendresse avant d’éclater en larmes au moment de l’orgasme. Tu auras sûrement droit ensuite au récit de ses peines, de cet ex qui refuse de cicatriser et l’éternelle rengaine de ces-mecs-tous-des-lâches. Elle ne dormira pas avec toi parce que son chat l’attend et repartira avant que le jour ne se lève, un semblant d’honneur retrouvé mais le cœur toujours autant cabossé. Faut qu’elle se dépêche d’aller propager le scoop de vos étreintes, sa riposte. La vengeance est un plat triste qui se mange gluant.
– L’échaudée …
Ou la chatte qui craint l’eau froide.
Elle a tout fait bien comme on lui a dit. ou en tout cas elle a fait ce qu’elle a pu. Mais bizarrement, va savoir pourquoi, ça ne lui a jamais vraiment réussi… est-elle trop impliquée, pas assez, pue-t-elle monstrueusement de la gueule sans qu’aucune AMIE ne lui ait jamais notifié?..
Toujours est-il que malgré toute l’implication qu’elle met dans la pratique du sexe, l’outil convexe reste un objet difficile à maintenir dans sa poche vulvaire.
Usée par la reconquête permanente du précieux, frustrée par ces disparitions répétées, aussi fulgurantes que cavalières, l’échaudée se méfie, fuit la facilité; elle se refuse à devenir celle qui suce pour qu’on l’aime, elle ne veut pas être victime et a tout de même à son avantage, une suffisante estime d’elle-même qui la pousse à se remettre en question pour s’adapter à la conjoncture.
Par le biais de mille précautions, elle atteindra son objectif : on la désirera, on en redemandera, sans quoi elle explosera. peut-être bien sur ta queue.
– L’aventurière …
Et son odyssée de la fesse.
Elle est curieuse, l’aventurière, sa soif de découvrir les gens et les choses de la vie a pris le pas sur le confort et la sécurité depuis longtemps. Elle saute allègrement d’un organe à l’autre, d’une position à l’autre, d’un contexte à l’autre avec l’aisance d’un bouquetin grimpeur des montagnes.
Elle ose, elle est sincère dans sa démarche et foutrement volontaire. Mais surtout elle est débrouillarde et s’arrange toujours pour retomber sur ses pattes en cas de glissade; l’aventurière, elle te fera pas chier sous prétexte d’avoir le Q explosé. Elle te contera une fabuleuse histoire d’alchimie, de légende personnelle accomplie qui te fera baver d’envie, toi, lectrice.
Elle se gratte les pompes sur la routine, s’essuie les pieds sur la monotonie, mais toujours avec dignité, son seul harnais de sécurité.
Sa recherche frénétique de sensations fortes la conduira pê un jour jusqu’à toi, lecteur, mari de la lectrice. Qui que tu sois, quoi que tu fasses, faudra que tu paies faudra que tu craches, et si tu n’as rien de bien extrême à proposer, TKT, son sac de rando utérin regorge de fantasmes inassouvis.
– La philanthrope …
Ou la fuck friend sous sa cape d’invisibilité.
La bonne copine, la nana toujours attentive aux besoins des autres. Elle n’aime pas te voir en chien, toi son ami.
Elle sait que c’est dur et parfois dévalorisant comme une période de chômage prolongé. Or, ce qu’elle veut, c’est ton bien, et chose amusante, ton bien peut aussi passer par son bien à elle. Banco!
Elle a largement intégré et s’est habilement approprié le concept du don de soi. D’elle en tout cas : avant de te redonner la confiance en toi que tu mérites -comme tout un chacun, tes potes par exemple-, elle aura pris le soin de te préparer des bonnes pâtes et de faire la vaisselle.
– L’hygiéniste …
Ou celle qui a une conscience politique.
Elle a déjà vécu un bon nombre de relations de toute sorte qui lui ont permis de parfaire sa connaissance de l’adversaire.
La nouvelle loi sur la prostitution la fait paniquer; elle s’imagine déjà, fuyant haletante et pleine de crasse dans les rues désertées style post-holocaust à la walking dead, poursuivie par des hordes d’hommes dépourvus de libre arbitre, errant le regard vide, braquemards tendus à l’extrême, insatiables, en quête mécanique d’une vulve qui trainerait encore par là (la grande majorité ayant été exterminée par pulvérisation).
Elle baise en 1er lieu pour sa propre hygiène, certes, mais ne sait pas rester insensible devant Barnabé surpris à s’astiquer comme on poncerait une rampe d’escalier, seul, misérable à ses yeux, dans la cuisine à 3h du mat’.
Ça ne fait aucun doute : Barnabé est en souffrance, et son prénom de merde n’y est pour rien; un mal le ronge, il tente de le faire sortir (TRES maladroitement) et ça ne peut que dégénerer. Face à ce spectacle angoissant, elle ne peut rester impassible. Elle doit s’impliquer, s’engager. Il en va de la survie de la civilisation. Quel que soit le fléau, elle mettra un point d’honneur à en être le sérum, c’est son devoir, sa contribution à un monde plus sain.
– Celle qui a dit ‘NON’ …
Elle fut jadis amoureuse, aventurière, échaudée, vengeresse, pompette.
Elle l’a aimé, le sexe, et elle l’aime toujours en fait. Mais elle a découvert, compris et accepté qu’il existe d’autres sources de bonheur que la course au biniou, différentes mais non moins intenses si appréciées à leur juste valeur.
Bien sûr, elle a eu peur au début. Bien sûr, elle a douté, pensé à consulter : peut-on vraiment être libre A CE POINT?
Décontenancée par cette vertigineuse sensation nouvelle, elle la joue discrette face à la meute d’amies, de sœurs, de quasi-inconnues qui inlassablement la plaignent : ‘ben alors, et toi?? – faut qu’on te sorte! – nan mais tkt ça va revenir.’
C’est étrange, comme un super pouvoir qu’elle doit impérativement passer sous silence… De toute façon, on ne la croirait pas.
De temps en temps il lui arrive d’en revenir à la vie terrestre, lorsqu’une belle occasion lui passe sous le nez, elle ne s’en prive pas. Le rabbit en silicone sans phtalate comme le gode organique, ils restent les bienvenus, à la condition formelle de se ranger bien docilement dans leur boite à la seconde où elle l’aura décidé.
Oui elle jouit celle qui a dit non, elle jouit fort de son orgasmique émancipation.